Les élections fédérales de 2007, l'UDC prépare sa campagne

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Les minarets et les immigrés dans la ligne de tir de l'UDC



Congrès de l´UDC à Fribourg. Les élections fédérales de 2007 se préparent sous le signe du slogan: «Ma maison - notre Suisse». Samedi, les délégués ont fièrement brandi leur passeport.


Photo: Keystone

CAMPAGNE. A Fribourg, les démocrates du centre retrouvent un Christoph Blocher survolté et approuvent un programme électoral qui veut abolir la Commission fédérale contre le racisme.



Bernard Wuthrich
Lundi 23 octobre 2006



Interdiction des minarets, suppression de la norme pénale antiraciste et de la Commission fédérale contre le racisme (CFR), naturalisations par le peuple, refus du passeport suisse aux personnes touchant des prestations sociales (chômage, invalidité, aide sociale), refus de l'aide sociale pendant au moins trois ans pour les immigrants, rejet du droit de vote et d'éligibilité des étrangers. Ceux qui pensaient que le durcissement du droit d'asile et des étrangers, accepté par le peuple le 24 septembre, priverait l'UDC d'un de ses principaux chevaux de bataille en vue des élections fédérales de 2007, se sont lourdement trompés.

Liberté d'expression

C'est exactement le contraire qui se produit et, sur ce point, l'actualité sert le parti de Christoph Blocher. Celui-ci y contribue d'ailleurs activement, puisque c'est lui-même qui a initié le débat sur la norme pénale sanctionnant les propos racistes et la négation de génocides. Samedi à Fribourg, lors de l'assemblée des délégués consacrée au programme électoral du parti, le conseiller fédéral ne s'est pas privé, devant un public totalement acquis à sa cause, de revendiquer sa liberté d'expression. «J'ai dit des dizaines de fois en Suisse que je voulais revoir cet article du Code pénal, mais personne ne l'a relevé. Alors je suis allé le dire à Ankara, mais on me conteste le droit d'expliquer que cet article me donne mal au ventre», s'emporte-t-il devant une foule en délire. La suppression de la norme pénale ne figurait pas expressément dans le programme électoral. Mais elle y a été rajoutée sans grande difficulté, à l'initiative de la déléguée zurichoise Theres Weber-Gachnang, qui, dans la foulée, a proposé d'ajouter l'abolition de la CFR. «Trouvez-vous normal que son président, le professeur Georg Kreis, nous dise ce que nous avons le droit de penser?» s'est-elle interrogée, déclenchant un tonnerre d'applaudissements.

L'UDC veut aussi empêcher l'apparition de minarets en Suisse. «Ce sont les symboles politiques du pouvoir de l'islam. A l'obstination de la communauté musulmane à vouloir les imposer en Suisse, il faut opposer un autre symbole: un âne», s'emporte le vice-président des Jeunes UDC bernois, Patrick Freudiger, qui mène la fronde contre l'érection d'un minaret dans sa ville de Langenthal. «Il faut rejeter clairement les revendications religieuses à caractère politique, surtout lorsqu'elles viennent de groupements qui ont des prétentions de pouvoir en Suisse», renchérit le conseiller national Ulrich Schlüer.

Son collègue Hans Fehr a convaincu l'UDC de s'opposer à l'octroi de l'aide sociale aux migrants arrivés en Suisse depuis moins de trois ans. Il a cité en exemple l'Australie, qui barre l'accès aux prestations sociales étatiques aux nouveaux arrivants. C'est l'un des très rares points du programme électoral à avoir engendré un semblant de discussion. Le conseiller national vaudois Guy Parmelin a affirmé que cette disposition n'était pas applicable en pratique. En vain. Pris dans un élan de défiance envers les étrangers, les délégués ont massivement soutenu Hans Fehr.

Très marqué par l'actualité politique immédiate alors qu'il prétend être le fil conducteur de l'UDC pour la prochaine législature, le programme électoral, baptisé «Ma maison - notre Suisse» et brandissant ostensiblement la croix blanche sur fond rouge, prend ainsi clairement l'immigration comme cible et s'engage à fond pour une liberté d'expression sans limite. Celle-ci comprend, selon le père spirituel du programme électoral, le conseiller national Christoph Mörgeli, «le droit de la négation».

Maintien de l'armée de milice

Surfant sur une autre actualité, le programme inclut aussi le maintien d'une armée de milice et le droit de détenir son arme de service à domicile. Il s'oppose encore, mais ce n'est pas nouveau de la part de l'UDC, aux engagements de l'armée à l'étranger, cours de répétition inclus.

Lors de cette veillée d'armes, à laquelle ont participé près de 500 délégués, le président, Ueli Maurer, a affiché ses ambitions comptables: acquérir 100000 nouveaux électeurs, récupérés des autres partis ou sortis de leur torpeur abstentionniste, d'ici à l'automne 2007, ce qui représente 274 recrutements par jour! Pour y parvenir, l'UDC semble compter sur le charme ravageur de Zottel, un bouc qui sera sa mascotte électorale. Mais est-ce vraiment une bonne idée de faire appel à un animal castré pour s'imposer comme parti dominant?

source: http://www.letemps.ch/

Ils voulaient pas aussi faire une loi anti-double nationalité????

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Blocher ou la culture du mensonge


DIDIER ESTOPPEY

Paru le Vendredi 29 Décembre 2006



Nous nous en passerions bien, surtout en temps de fêtes. Mais nous voici à nouveau contraints de reparler de Christoph Blocher. Usant d'une tactique dont il est coutumier, le conseiller fédéral a investi hier le désert politico-médiatique de cette fin décembre en convoquant la presse dans son fief zurichois. Pour tirer devant elle un «état des lieux avant l'année électorale 2007».
Pourquoi, nous rétorquera-t-on, tomber une nouvelle fois dans le piège que le tribun tend aux médias? Parce que le conseiller fédéral a franchi un nouveau pas dans son art consommé du mensonge, en s'attribuant implicitement l'ensemble des mérites de l'action du gouvernement. Et qu'il se présente désormais non plus seulement en chef de la meute udéciste, mais qu'il prétend se poser en leader unique de la majorité de droite installée aux commandes.
Un seul axe dans le discours de Christoph Blocher: l'avant et l'après 2003. A l'entendre, le pays serait sur le bon chemin, et ses principaux problèmes en voie de solution depuis que les Chambres ont eu le bon sens de l'élire au Conseil fédéral. Dans la foulée, les élections de 2007 permettront de choisir entre la poursuite de ces succès ou le retour à la décadence...
Une telle fatuité pourrait prêter à sourire si elle n'était payée de succès. Après le triopmphe en votation populaire de la nouvelle loi sur l'asile qu'il avait dictée au parlement, Christoph Blocher avait beau jeu, hier, de prétendre une nouvelle fois que la baisse des «demandes d'asile infondées» est à mettre au compte des mesures dissuasives prises par son département.
Les prétendus abuseurs, souvent noirs de peau, étant appelés à quitter l'agenda, puisque le mensonge consiste à faire croire que le problème a été réglé avec la votation du 24 septembre, il est temps de cultiver une nouvelle forme de racisme. Dans un éditorial publié, comme par hasard, à la veille de la conférence de son conseiller fédéral fétiche, Roman S. Jäggi, porte-parole de l'UDC, déverse un nouveau tombereau d'insanités sur les musulmans. Polémiques entretenues sur les minarets ou les cimetières musulmans, viols et opposition prétendue de musulmans aux célébrations de Noël sont rappelés en vrac par l'éditorialiste, qui désigne clairement la cible pour 2007: «Le combat de l'UDC contre la transgression systématique de règles non écrites, de valeurs et de principes par des personnes provenant de cultures étrangères n'a fait que commencer en 2006.»
A force d'être répétés, les mensonges finissent par porter. Selon un sondage publié hier par Le Temps, le viol collectif de Seebach est l'événement qui a le plus marqué les Romands en 2006, parmi la douzaine de ceux sélectionnés sans aucun sens des hiérarchies, entre réchauffement climatique et guerre au Liban, par ce quotidien pourtant réputé sérieux.
Alors que, sur fond de cris guerriers, Christoph Blocher cherche à endosser les habits du commandeur, soutenu tacitement par un centre droite qui cherche toujours ses repères, les socialistes peinent à structurer une opposition. Leurs tentatives de réponse en matière d'intégration reviennent, indirectement, à cautionner les mensonges de l'UDC. Tandis que leur conseiller fédéral Leuenberger continue à rêver de concordance. Quitte à soutenir la retraite à 67 ans et le nucléaire...
Il est grand temps de chercher à enrayer l'incendie. Demain, il sera trop tard pour appeler les pompiers.

Le Courrier

j'aime le courrier casse le Temps c'est trop beau
"par ce quotidien pourtant réputé sérieux."

ah les médias genevois

sinan l'udc ne fait que confirmer ce qu'on observait déjà: ils profitent des médias, de la peur des citoyens, de l'étranger, de l'autre, pour gagner des voix, pour que leur parti devienne de plus en plus puissant.

et pour que le citoyen moyen se croit enfin écouté par le politique - alors qu'il est tout simplement manipulé.

bref, joyeuse année politique 07 en perspective

voilà encore l'udc sur le haut de la scène en ce début d'année 07...

signe pour ce parti de la peur de l'avenir et de la possible non ré-élection de Bolocher comme Conseiller Fédéral ?

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Le plan de l'UDC pour gagner 100 000 électeurs




Ueli Maurer. Le président de l’UDC pose avec le livret «Ma maison – Notre Suisse», qui présente le programme politique du parti pour les élections fédérales de cet automne. Photo: Keystone



PROGRAMME. Le parti d'Ueli Maurer a présenté mercredi sa plate-forme électorale 2007-2011. En se félicitant de ses succès et en accusant le camp rouge-vert d'être responsable de tous les maux de notre société.


Valérie de Graffenried
Jeudi 4 janvier 2007

L'UDC sait décidément bien occuper le terrain. Après une conférence à la mi-décembre pour déclarer que le parti basculera dans l'opposition si Christoph Blocher n'est pas réélu au Conseil fédéral à la fin de l'année et le «bilan» dressé la semaine dernière par le ministre zurichois, l'UDC a présenté mercredi sa plate-forme électorale 2007-2011. Le président Ueli Maurer a quitté le bouc nain Zottel - la nouvelle mascotte de l'UDC - auprès duquel il a présenté ses vœux pour 2007, et s'est déplacé à Lausanne, Berne et Lugano pour dévoiler le plan de bataille du parti. Au programme: conquérir 100000 nouveaux électeurs avec un budget d'un million de francs. Et combattre le camp rouge-vert «qui détruit la Suisse par la hausse constante des impôts et des redevances, l'accroissement de la dette publique, l'augmentation de la criminalité et la multiplication des abus».

Ses recettes, l'UDC les a consignées dans un livret carré de 84 pages, aux couleurs du drapeau suisse. Disponible sur Internet, celui-ci sera aussi vendu en librairie. «Ma maison - Notre Suisse» résume les positions du parti sur 21 thèmes, de l'indépendance de la Suisse à une politique d'asile et de migration restrictive, en passant par un combat rigoureux contre tout nouvel impôt ou la demande d'une présence policière plus ciblée. Et comme s'en vante Claude-Alain Voiblet, nouveau coordinateur romand de l'UDC, chaque chapitre est agrémenté de citations de personnalités qui «mettent en évidence la perte progressive de nos racines et la réelle mise en danger des valeurs fondamentales de notre pays».

L'UDC l'a répété mercredi, elle veut que les Suisses puissent «se sentir aussi bien et aussi en sécurité en Suisse qu'entre les quatre murs de leur maison». Sans y aller avec le dos de la cuillère, le parti accuse la gauche d'avoir provoqué durant les quinze ans écoulés une «dégradation considérable de notre pays». «Nous n'acceptons pas que l'on détruise notre pays par petits pas. Voilà pourquoi l'UDC mènera en 2007 une campagne électorale ferme contre le camp rose-vert», souligne Ueli Maurer. «Ces élections sont capitales puisqu'il ne s'agit pas seulement de renouveler le parlement, mais bien de faire un choix de société. La population suisse aura à dire si elle souhaite poursuivre la voie de la responsabilité et de la lutte contre les abus ou revenir au laisser-aller qui nous a valu l'explosion de la dette publique, une hausse galopante de la violence, chez les jeunes surtout, ainsi qu'une immigration incontrôlée», ajoute le vice-président Yvan Perrin. La déclaration de guerre est lancée.

L'UDC se félicite des débats «plus ouverts» menés depuis l'accession d'un deuxième conseiller fédéral UDC en 2003 et se targue d'avoir en douze ans fondé en moyenne chaque semaine un nouveau parti «quelque part en Suisse». Soit au total, quelque 600 nouvelles sections et 30000 nouveaux membres. Pour conquérir 100000 nouveaux électeurs sur les 560000 qu'elle compte déjà, l'UDC veut surtout mobiliser la «majorité silencieuse, frustrée de la politique actuelle», «les mécontents de la gauche et ceux qui n'ont pas encore voté». Pour être plus près des citoyens, le parti renforce la direction de la campagne dans les trois régions linguistiques de Suisse. En Suisse romande, Yvan Perrin et Claude-Alain Voiblet seront les chefs de campagne.

L'UDC, le «parti des slogans»? Ueli Maurer le réfute catégoriquement et assure diriger le «parti d'une politique claire et durable menée par des élus fiables». Après avoir fustigé sans retenue la politique de la gauche, il s'est empressé de souligner les «succès» de l'UDC. «Partant du refus de l'EEE, l'UDC a marqué la politique européenne; la voie bilatérale dont on se moquait autrefois est aujourd'hui une maxime; les abus en politique des étrangers et d'asile sont endigués; les naturalisations sans bornes ont été limitées; l'AI, qui subit des abus massifs, est sur la voie de l'assainissement; dans le domaine des finances, on perçoit une première embellie à l'horizon et des sujets autrefois tabous comme la liberté d'opinion et l'utilité de la loi contre le racisme peuvent être débattus publiquement», a énuméré sans rougir le Zurichois.

Il en est certain, son parti saura «dresser des barrières quand c'est nécessaire, agir quand d'autres préfèrent fermer les yeux, remettre de l'ordre quand l'état des lieux l'exige». «Nous devons aussi fortifier nos positions en Suisse romande, par exemple par des sénateurs au Conseil des Etats, consolider nos deux sièges au Conseil fédéral et construire notre présence dans les exécutifs cantonaux et communaux de Suisse romande», a encore souligné le conseiller d'Etat vaudois Jean-Claude Mermoud. L'UDC saura-t-elle tenir ses promesses et ses ambitions? Réponse dans quelques mois.

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Derrière l'assurance, des signes de nervosité
Commentaire.

Valérie de Graffenried

L'UDC affronte cette année électorale un peu comme un athlète de haut niveau qui se dope aux produits anabolisants pour se convaincre de sa propre force. Le parti s'est lancé mercredi dans un incroyable exercice d'autocongratulation. Fustigeant le camp rouge-vert, l'UDC se dépeint comme LE parti capable de délivrer la Suisse de tous les maux qui la rongent. Elle se félicite des solutions qu'elle dit avoir apportées à de nombreux problèmes. Et, confiante, affiche l'ambitieux objectif de gagner 100000 nouveaux électeurs.

Mais derrière cette apparente assurance, il y a des failles. Si l'UDC a bien su occuper le terrain ces derniers jours, son but n'était pas uniquement de distiller ses recettes en étant aussi visible que sa mascotte, le bouc Zottel, surveillé 24 heures sur 24 par une webcam. Ses apparitions répétées sont aussi le reflet d'une certaine nervosité à l'approche des élections fédérales. Car le véritable enjeu pour l'UDC reste de défendre la place occupée par Christoph Blocher, plus utile pour le parti au sein du Conseil fédéral que comme leader de l'opposition. Ce combat-là donne quelques sueurs à l'UDC. Et, à force de ne plus vraiment savoir sur quel pied danser et qui sont ses alliés, des contradictions émergent. Le président Ueli Maurer s'est ainsi félicité mercredi des progrès accomplis depuis le «tournant politique» de 2003 avec l'entrée d'un deuxième UDC au Conseil fédéral tout en tenant un discours digne d'un chef d'opposition. Or l'UDC sait qu'elle doit ménager les radicaux, libéraux et certains PDC. Ce n'est que par le biais d'alliances avec les partis bourgeois qu'elle peut s'imposer dans les cantons. Et s'assurer la réélection de Christoph Blocher.

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Le discours totalitaire d'un conseiller fédéral


Andreas Gross, président de la Commission des institutions politiques du Conseil national, montre l'arrivée rampante en Suisse d'une rhétorique anti-collégiale: «ou moi ou le chaos».


Andreas Gross, Traduction: Fabienne Bogadi
Vendredi 12 janvier 2007

Certains historiens décrivent le XXe siècle comme un «siècle court». Si l'on se réfère à ses événements les plus décisifs - guerres mondiales, violence, concurrence entre les systèmes - il a commencé en 1914 et s'est achevé en 1989. Quelle sera la durée du XXIe siècle? Nous ne le savons pas encore.

En revanche, l'année suisse 2007 sera longue. Car Christoph Blocher, le chef incontesté et indétrôné de l'UDC, le parti le plus puissant de Suisse en ce début de XXIe siècle, l'a fait commencer le 28 décembre de l'année dernière. Politiquement, elle sera entièrement marquée par les élections au Conseil national et au Conseil des Etats d'octobre, dont l'issue déterminera les élections au Conseil fédéral du deuxième mercredi de décembre, mais dont les effets ne seront pas mesurables avant 2008.

Ces lancements de campagne politique sont rarement annoncés et énoncés correctement. Le discours du 28 décembre du conseiller fédéral Christoph Blocher au Uetliberg n'a été qu'une «évaluation de la situation» et non un regard sur les débats qui marqueront cette année électorale. En outre, le discours a explicitement évité toute allusion à la manière dont l'UDC envisage ces élections.

L'idole de l'UDC a préféré se présenter comme un «simple conseiller fédéral». Dans son cas, on ne sait pas bien ce que cela cache. «Pencher à gauche, tirer à droite» est une feinte bien connue des amateurs de football. En politique, nous savons, du moins depuis l'invention du «novlangue» par George Orwell, que les nouvelles expressions masquent la réalité au lieu de la clarifier. Plus les élections approchent - dix mois, c'est peu - et moins le Conseil fédéral se préoccupe des dégâts provoqués par ces mystifications verbales.

L'auditeur qui en ce jeudi 28 décembre 2006 a écouté les nouvelles à la radio alémanique DRS, autoproclamée radio nationale, n'a rien appris. Ce lancement de campagne électorale à la sauce blochérienne s'est avéré prématuré, opaque et autoritaire. Mais, heureusement, la Suisse est composée de divers courants politiques, aux sensibilités variées et au fonctionnement différent. Vers 17heures, j'ai reçu l'appel d'une journaliste de la Radio suisse romande qui me demandait si je souhaitais commenter les déclarations de Christoph Blocher au Uetliberg. Je me suis branché sur Internet afin de m'informer auprès des agences, ainsi qu'auprès du site officiel du DFJP. Ce que j'y ai lu m'a consterné.

D'une part, le novlangue y régnait en maître. Le conseiller fédéral Christoph Blocher s'y présentait comme le refuge «des valeurs traditionnelles de la Suisse» et s'y exprimait d'une façon que je ne lui connaissais pas. L'une des particularités de la culture politique suisse est que nul ne peut se démarquer véritablement. Le pouvoir politique est réparti, horizontalement et verticalement, de manière beaucoup trop rigide: aucun autre Etat n'offre à ses cantons et communes autant d'autonomie que la Suisse, et nulle part ailleurs un citoyen n'est autant consulté qu'ici. L'identification de l'Etat et de l'Histoire à un unique personnage, le roi, est une notion qui nous vient plutôt de France...

Encore plus catastrophique, la manière dont le conseiller fédéral Blocher traite ceux qui ne pensent pas comme lui. Quiconque suit ces félons ou prévoit de donner sa voix à un autre parti que le sien précipite la Suisse dans l'abîme. Il faudra choisir entre «la pauvreté ou la prospérité», «la coexistence pacifique et la criminalité», «le succès ou la débâcle» Cette image en noir et blanc est non seulement une atteinte à la collégialité, car deux conseillers fédéraux au moins œuvrent à la décadence aux yeux de Blocher, mais elle est incompatible avec un système de concordance, dont la particularité est un gouvernement qui intègre différents grands partis, et elle est totalitaire au sens premier du terme.

Un régime totalitaire est un système où un unique détenteur du pouvoir croit connaître et détenir la vérité politique. Ce potentat contredit tout principe démocratique, il exclut tous ceux qui ne sont pas de la même opinion que lui, et les accuse de tous les maux, de la crise économique à la guerre.

A l'occasion de son émission Forum, la Radio suisse romande a organisé un long débat sur les déclarations autocratiques de Blocher, où même le vice-président du Parti radical suisse n'a pas épargné ses critiques. En Suisse alémanique, la radio a gardé le silence toute la soirée, le téléjournal de la DRS s'est contenté de montrer le soleil au-dessus du stratus, les journalistes de 10 vor 10 ont déclaré que ce discours ne contenait rien de neuf. Le jour suivant, certains journaux ont parlé d'immodestie; mais la majorité de la presse alémanique semblait plutôt admirer la hardiesse de cette magistrale arrogance, plutôt que de faire l'effort de reconnaître et de condamner le discours totalitaire.
Ceci n'augure rien de bon pour la campagne électorale et la longue année politique à venir.

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Alors qu'un parti en suisse devient totalitariste et hégémonique, avons-nous le droit de se dire apolitique et de fuire nos reponsabilités de citoyens mêlé directement dans la "polis" ? Sous prétexte que l'on ne peut pas tout maîtriser, que les manifestations contre la guerre en Irak n'ont rien donné, que tous les partis sont dogmatiques et ont leur déboires ???

Il est tant de se réveiller ou alors nous nous retrouverons dans un pays que nous ne pourront plus regarder comme le nôtre.

Et pourtant ce sera bien lui.

Citation :

Renvoyons Blocher! (6/03/2007) Christoph Blocher veut obliger les réfugiés et les admis provisoires à suivre des cours de langue. Il en va de leur intégration, a déclaré le conseiller fédéral dans une interview parue vendredi dans la Neue Luzerner Zeitung. Il y a deux bonnes nouvelles à retenir de ces déclarations. La première, c'est que pour une fois les socialistes ont une longueur d'avance: sans attendre ce nouveau coup de gueule du tribun de l'UDC, ils ont adopté il y a trois mois déjà un «papier de position» qui va exactement dans le même sens. La deuxième, c'est que si l'on voulait appliquer à Blocher ce qu'il prône, on pourrait exiger qu'il suive des cours de français avant de lui accorder une telle audience en Suisse romande. DEY

http://www.lecourrier.ch/

Citation :

Renvoyons Blocher! (6/03/2007) Christoph Blocher veut obliger les réfugiés et les admis provisoires à suivre des cours de langue. Il en va de leur intégration, a déclaré le conseiller fédéral dans une interview parue vendredi dans la Neue Luzerner Zeitung.

C'est lui qui devrait prendre des cours de langue! Vous l'avez déjà entendu parler français? C'est catastrophique. Et si ce n'était que ça : même quand il parle en suisse-allemand (et même pas en allemand), il utilise un vocabulaire vraiment très populo, juste pour se donner une image. Lamentable!